Un VTC sans chauffeur testé dans les rues de Nice
Une voiture autonome électrique
en autopartage a roulé quelques heures lundi, pour la première fois en France,
et pourrait préfigurer les nouveaux transports dans dix ans.
Ambiance selfie et science-fiction lundi à Nice
(Alpes-Maritimes). Touristes et passants, parfois interloqués en dégainant leur
portable, n’ont pas raté un tour de rou(t)e d’une étonnante petite voiture
blanche et noire lancée, sans chauffeur et en silence, à la vitesse
supersonique de 10 km/h.
L’attraction avait tout de l’affaire hautement sérieuse : il
s’agissait en fait de la présentation, pour la première fois en France selon
ses instigateurs, d’une étonnante expérimentation de véhicule autonome
électrique… utilisé en autopartage après celle récemment lancée aux USA par Waymo, une
filiale de Google. Le système français, développé par Vulog, entreprise niçoise
leader mondial des technologies de mobilité partagée, et Akka, un groupe
international d’ingénierie, pourrait révolutionner les moyens de transport
d’ici une dizaine d’années.
Concrètement,
vous avez une application sur smartphone. Le système détecte quelle voiture est
la plus proche de vous et vous l’envoie, en vous donnant le temps d’attente et
le tarif de la course », explique Stephan Belloni, directeur de la stratégie
pour Vulog. Sur un Quai des Etats-Unis fermé pour l’occasion à la circulation
traditionnellement musclée, la « Link & Go », sans personne à bord,
s’arrête bien, à notre hauteur après avoir dû freiner en urgence un peu plus
haut. Ouf. « C’est la faute d’un photographe qui s’est approché trop près du
bord de la route », souffle le responsable.
On croirait presque attendre un VTC Uber ou Chauffeur privé.
Sauf que le pilote est du genre fantôme. Une fois à bord, l’engin démarre
doucement. Il suit un parcours de quelques centaines de mètres, sans la moindre
action sur le volant. La précision du circuit préalablement enregistré se
mesure au centimètre près grâce au GPS et des lasers à balayage, nous détaille
Guillaume Trehard, chef d’équipe systèmes autonomes chez Akka, pendant que le bolide
longe la mer en serrant sagement le trottoir de droite.
Trouver
un modèle économique viable
Aussi convaincante soit-elle, cette démonstration n’annonce pas
l’arrivée imminente d’un tel dispositif sur l’espace public reconnaît Gégory
Ducongé, directeur général de Vulog. « Il faudra encore cinq à dix ans et cela
se déploiera sur des routes sûres, simples, pas dans les centres urbains »,
estime-il, tout en espérant prochainement « mener une expérimentation plus
longue à Nice ».
Très avancée, la technologie devra encore progresser avec une
véritable législation et des infrastructures adaptées. Daniel Ruston, directeur
général d’Akka en Île de France, pense en effet que « si une voiture autonome
n’est pas prête pour traverser la place de l’Etoile à Paris, elle pourra
bientôt le faire avec le machine learning, l’apprentissage des situations ».
En attendant ce miracle high-tech, basé sur l’intelligence
artificielle, chacun s’affaire aussi à trouver un modèle économique viable. Car
les factures sont salées. Un prototype autonome coûterait la bagatelle de 250
000 dollars (plus de 220 000 euros). Pas de chauffeur certes, mais pas sans
prix!
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